Archives de la catégorie ‘Inde’

Mariage indien

Publié le 01 Dec 2011 — par Nous
Catégories Inde

De retour à Kurseong, on est accueilli par la famille de Bhumika qui nous avait invités au mariage de son frère lors de notre premier passage (Pour les indisciplinés qui ne suivent pas, relire l’article précédent). Pour l’occasion, Tristan passe chez le barbier et on sort notre plus belle tenue : pantalon de trekking, t-shirt le moins déformé et chaussures de marches…il y a pas à dire on est drôlement chic !

La fête se déroule dans la grande salle du village, décorée pour l’occasion. Sur la scène, se dresse deux trônes qui seront occupés par les mariées tout au long de la journée. Autour, sont disposées quelques chaises pour leurs proches qui se succéderont à tour de rôle. A l’autre extrémité de la salle, plusieurs tables sont occupées par un énorme buffet indien et népalais ainsi que les boissons.

En bon suisse, on arrive en avance (1heure 30 tout de même), et on patiente dans notre coin en discutant avec les personnes déjà là et curieuses de notre présence. Vers midi, les mariés Urgen et Shrada arrivent, s’installent sur leur prestigieux trônes, la salle est presque pleine, au moins 200 personnes. Commence alors un rituel qui durera jusqu'à huit heures du soir : les invités montent sur la scène en petits groupes, offrent un cadeau aux mariés, échangent quelques mots et les bénissent en leur collant quelques grains de riz sur le front. Ensuite, ils se dirigent vers le buffet, mangent une première fois, puis une deuxième, troisième…tout en discutant avec les autres personnes présentes. On observe tout ça de manière bien curieuse et on mange sous le regard attentif de la famille qui veille à ce qu’on ne manque de rien. Obligation de goûter à tous les plats...au moins 3 fois.

A la différence d’un mariage occidental traditionnel, il n’y a pas d’heure d’arrivée et de départ, ni de programme. Pas de séance diapo, de jeux, de discours, les invités arrivent et repartent quant ils veulent, sauf nous, on est invité et on se voit mal partir à l’improviste. Malgré la gentillesse des gens sur places avec qui on parle, on s’ennuie un peu, 10 heures sur une chaise à discuter et à manger c’est un peu long. Les mariés eux sont toujours sur la scène, les invités se succédant à un rythme infernal. Environ 1200 personnes ont été conviées, au final, ça fait beaucoup de cadeaux…et de riz sur le front.

A huit heures, la cérémonie officielle prend fin et c’est sur de la musique indienne et népalaise que les jeunes et moins jeunes commencent à danser. L’ambiance devient beaucoup plus festive, les cocktails whisky-eau et les bières aidant, on a de plus en plus de mal à comprendre certaines personnes qui nous parlent maintenant en népalais ou dans un anglais incompréhensible. Pour la danse, on fait de notre mieux, mais malgré les explications, on a un peu de mal à suivre les pas, enfin surtout Tristan (les photos ont malencontreusement disparues).

A onze heures, la fête se termine et on rentre avec la famille qui nous invite à dormir chez eux. Après la cérémonie et le repas, cette nouvelle preuve de générosité nous touche beaucoup. On discute encore quelques temps, on fait de la place dans les chambres et dans le salon, les cadeaux occupants la majorité de l’espace disponible et on s’endort rapidement sur le canapé du salon, ravit d’avoir pu vivre un mariage indien.

Les photos

Vous reprendrez bien une tasse de thé?

Publié le 20 Nov 2011 — par Nous
Catégories Inde

Depuis Varanasi, nous prenons d’abord le train puis une jeep, les routes n’étant que des pistes pour rejoindre les villes et villages des montagnes du Bengale occidentale.

Premier arrêt à Kurseong, la petite Darjeeling, où la pluie, le froid et un piteux hôtel nous y attendent. Nous tentons de visiter une fabrique de thé, mais après 10 kilomètres, moitié à pied, moitié en stop, nous essuyons un refus du manager. Le temps étant maussade et les activités peu nombreuses au vue de la météo, nous quittons Kurseong un peu moroses, en nous disant que finalement, nous n’aurions pas dû nous y arrêter. Ironie du sort, comme pour ne pas rester sur un mauvais sentiment, nous rencontrons Bhumika, une jeune indienne vivant maintenant au Canada. Elle nous convie immédiatement au mariage de son frère. Plutôt intrigués par cette proposition hâtive, nous acceptons naïvement sans avoir d’autres informations que son numéro de téléphone. Juste le temps de visiter Darjeeling et nous reviendrons sur nos pas dans cinq jours.

A Darjeeling, il fait encore plus froid et le brouillard est dense, de ce côté-là, nous ne sommes pas trop dépaysés d’Yverdon 🙂 Nous ressortons nos vêtements thermiques, nos polaires, nos écharpes et nos gants. Quel choc après les chaleurs des deux dernières semaines ! Avec une température de zéro degré le jour, nous devons aussi trouver des subterfuges pour réchauffer un minimum notre chambre, bien évidement sans chauffage. Nous installons des bougies et isolons les fenêtres avec les duvets de l’hôtel. Après ces quelques astuces dignes de Mac Gyver, nous partons à la découverte de cette ville pentue, perchée à 2150 m d’altitude.

Nous sillonnons les coteaux pour nous rendre à la fabrique de thé Happy Valley fournissant Harrods à Londres. Après nous être fait arnaquer par le guide en nous demandant cinq fois le prix de la visite, nous rencontrons une petite dame qui se surnomme elle-même  « 5 seconds lady ». Ce petit bout de femme de 68 ans, très énergique, nous explique tous les rudiments théoriques et le savoir faire du thé, avant de nous faire goûter sa fameuse infusion, de 5 secondes bien sûr. Ce thé noir que nous dégustons est fait à partir des feuilles récoltées en automne. La cueillette d’avant, celle d’été est du thé vert. La toute première, la plus rare et la plus chère, est celle du thé blanc, au printemps. Après la récolte, les façons de travailler les feuilles sont différentes, mais toutes viennent de la même plante, le théier !  Ça c’était pour votre culture 🙂

Entre deux visites, nous profitons de ce retour au Nord pour manger à nouveau des momos. En effet, la nourriture, la langue, les gens, tout ici nous fait penser au Népal. Nos estomacs à nouveau d’attaque, nous profitons également du Thali, plat indien constitué d’une multitude de petits bols dont du riz et des lentilles qui en sont les ingrédients principaux (appelé Dal-Bath au Népal).

Nous marchons (ça nous réchauffe) entourés de singes et de chiens en direction du zoo et du musée de l’Everest où nous apprenons une multitude de choses sur les premières expéditions. Nous ne vous listerons pas la multitude d’animaux vivants dans les montagnes aux alentours que nous avons pu observer dans le parc zoologique, mais nous vous avons réservé le meilleur de notre séquence « posez férocement avec un tigre hyperactif ».

Et puis le dernier matin, nous partons à 3h30 pour découvrir le lever du soleil sur la chaîne himalayenne. Il va s’en dire que c’est le premier jour où le soleil pointe le bout de son nez depuis notre arrivée, nous ne sommes donc pas les seuls à avoir eu cette folle idée. C’est avec quelques centaines d’autres touristes, pour la plupart indiens, que nous patientons, les orteils gelés et la goutte au nez que Monsieur soleil veuille bien se montrer.

Après cette jolie mais glaciale escapade, il nous faudra bien quelques tasses de thé (à propos duquel nous ne sommes pas d’accords avec les experts qui disent qu’il est un des meilleurs au monde) pour nous réchauffer.

Vous reprendrez bien quelques photos?

Indigestions

Publié le 15 Nov 2011 — par Nous
Catégories Inde

Orchha est une petite bourgade du Madhya Pradesh située à 150 kilomètres d’Agra. On découvre le coin après quelques heures de train très confortables, cette fois, on a chacun notre place! Beaucoup plus paisible que les derniers endroits où on s’est arrêté, le village possède quand même les caractéristiques de toutes agglomérations indiennes de plus de 100 habitants: des rickshaws, des vaches et des vendeurs à tous les coins de rues.

De l’autre coté de la rivière qui longe Orchha et en total contraste avec le minuscule village, se dresse le palais des anciens maharajahs Bundela. Une partie des bâtiments a été reconvertie en hôtel de luxe alors que l’autre peut être visitée. Quant aux jardins, leur entretien a été confié aux chèvres,  qui, peu assidue à leur tâche, ont laissé la forêt tout envahir. Au final, le résultat est plutôt pas mal puisque le palais donne l’impression d’être perdu au milieu de la jungle.

Un autre bâtiment lui aussi imposant, le temple Chaturbhuj se trouve derrière le village. Le lieu est laissé à l’abandon, la nature se mêlant aux pierres, ce qui donne là encore une touche singulière. Une série de minces escaliers plongés dans le noir nous permettent d’atteindre le toit d’où on surplombe tous les environs. On passe un bout de temps à contempler le coucher du soleil en compagnie de quelques singes et vautours qui se sont appropriés les lieux.

En explorant le village, Caro fait une rencontre avec deux petites filles qui ne manquent pas de nous inviter le jour suivant dans leur maison. Le père, la mère et les trois enfants vivent dans une minuscule pièce d’à peine huit mètres carrés qui donne sur une cour, elle aussi minuscule faisant office de cuisine. L’endroit est très sombre, sans fenêtre et le mobilier se résume à deux « lits » et une petite étagère. Caro a droit à un (dé)coiffage, maquillage à l’indienne et à des bracelets. On mange quelques chapatis et on tente de répondre aux dizaines de questions des enfants :

« Vous êtes mariés ? », « Vous voulez combien d’enfants ? », « Vous gagniez combien ? »

On explore également les environs à vélo, notamment le parc naturel du coin, ou l’on est censé voir des cerfs, des varans et des singes…Au au final pas grand monde, ils doivent avoir congé ce jour là. Peut-être que les grincements et couinements de nos vélos à l’agonie, (leur dernier entretient devant dater de la période coloniale) y est aussi pour quelque chose.

Coté culinaire, on découvre le Began Bharta (aubergines à la coriandre) et le Sahi Paneer (sauce aux noix de cajou et fromage frais) sur une terrasse d’Orchha. Tout est incroyablement bon et on s’empresse de demander la recette.  Seul hic, l’estomac de Tristan ne semble pas du même avis, les deux jours suivants, c’est crampes d’estomac et 39° de fièvre, le tout allant en empirant… Caro finit par appeler un médecin qui après un test de malaria au cas où, vu les symptômes (négatif on vous rassure), prescrit un cocktail de six médicaments, de quoi faire un repas complet. Les deux jours d’après c’est le tour de Caro : maux de ventre, de tête, fièvre. La nourriture indienne on aime par contre ce n’est pas encore le cas de nos estomacs.

C’est encore un peu mal en point qu’on quitte Orchha pour Khajuraho. Le train cette fois n’a pas de réservation, seulement des wagons 3ème classe ou la règle d’or est : « le train n’est jamais plein, poussez-vous dans le fond» est appliquée tout au long du voyage. Le vendeur de snack ambulant est cette fois remplacé par un vieux monsieur barbu, qui à la place des thés chai, se promène (ou plutôt enjambe les gens) avec un panier d’osier contenant un cobra ! Le  serpent étant pour eux un animal très saint, la tradition voudrait que l’on donne quelques pièces au serpent quand celui approche le panier… Nous on a rien donné, trop tétanisé à l’idée de bouger le petit doigt.

A Khajuraho on visite les nombreux temples, réputés pour leurs statuaires sur le thème du corps féminin et du Kamasutra. En se levant encore une fois à l’aube, on profite de l’endroit presque seul et sous une température moins écrasante qu’en pleine journée. Les parois des temples sont sculptées très finement, représentant des hommes, des femmes et parfois des animaux…

 

Dernier arrêt avant les montagnes du nord-est, Varanasi, cité mystique, éternelle, la plus vieille ville du monde encore habitée. Elle s’étend le long d’une des rives du Gange, l’autre étant entièrement dénuée de construction. Les ghâts, de  longues marches en pierres qui descendent en pente raide et plongent dans le fleuve sont le théâtre d’une multitude de scènes de vies en rapport avec ce fleuve sacré. Les indous viennent du monde entier pour se purifier, prier ou encore mourir au bord du Gange. Dans une eau opaque, polluée par les détritus se mêlent des gens se baignant, se brossant les dents, d’autres faisant leur lessive et également les cendres des buchers funéraires. Ces derniers sont installés au bord du fleuve à la vue de tous. Plus la famille du défunt paye, plus il y a de bois, plus le bûcher est grand et brûle longtemps. L’odeur particulière, la fumée qui s’en dégage et la vue de ces corps calcinés nous est difficilement supportable. Des vaches, des buffles, des chiens et des chèvres partagent également les lieux, souillant les marches et l’eau. Au milieu de toute cette agitation,  des hommes font sécher le linge lavé dans le fleuve alors que quelques enfants trouvent la place de jouer au cricket.

Difficile de dire si on a aimé ou détester Varanasi, c’est un lieu à voir ou plutôt à ressentir au moins une fois. Les odeurs, la saleté, le Gange, les bûchers, les milliers d’hindous donnant vie à se chaos nous laisse une sensation particulière, amère et douce à la fois. L’impression que toute la misère, toute la spiritualité mais également toute la beauté de l’Inde sont représentés ici.

Le coup de gueule de la fin :

A Khajuraho encore plus qu’ailleurs en Inde, les enfants n’ont que deux phrases à la bouche : « Give me pen », « Give me roupies ». La quantité de touristes donnant un stylo ou de l’argent a rendu normal pour eux le faite que les gens donnent gratuitement si on leur demande. Ce comportement, partant d’une bonne intention transforme les enfants en mendiants, au grand dam de leurs parents. Enfin, ça pas forcement tout le temps, puisqu’on en a vu encourager la chose. Ce comportement ce généralise à tous les enfants, et c’est souvent les moins démunis qui venaient vers nous pour nous demander 100 roupilles. Dans un sens, on ne peut pas les blâmer, si une fois sur dix ça marche, pourquoi arrêter?

En conclusion, si vous allez en vacances dans un pays ou la pauvreté est encore très présente, oubliez les stylos, bonbons, pièces de monnaies à distribuer à gauche et à droite. Il y a pleins d’associations qui utiliseront d’une meilleure manière votre temps ou votre argent que vous voulez offrir.

BEAUCOUP de photos ici