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Publié le 15 Nov 2011 — par Nous
Catégories Inde

Orchha est une petite bourgade du Madhya Pradesh située à 150 kilomètres d’Agra. On découvre le coin après quelques heures de train très confortables, cette fois, on a chacun notre place! Beaucoup plus paisible que les derniers endroits où on s’est arrêté, le village possède quand même les caractéristiques de toutes agglomérations indiennes de plus de 100 habitants: des rickshaws, des vaches et des vendeurs à tous les coins de rues.

De l’autre coté de la rivière qui longe Orchha et en total contraste avec le minuscule village, se dresse le palais des anciens maharajahs Bundela. Une partie des bâtiments a été reconvertie en hôtel de luxe alors que l’autre peut être visitée. Quant aux jardins, leur entretien a été confié aux chèvres,  qui, peu assidue à leur tâche, ont laissé la forêt tout envahir. Au final, le résultat est plutôt pas mal puisque le palais donne l’impression d’être perdu au milieu de la jungle.

Un autre bâtiment lui aussi imposant, le temple Chaturbhuj se trouve derrière le village. Le lieu est laissé à l’abandon, la nature se mêlant aux pierres, ce qui donne là encore une touche singulière. Une série de minces escaliers plongés dans le noir nous permettent d’atteindre le toit d’où on surplombe tous les environs. On passe un bout de temps à contempler le coucher du soleil en compagnie de quelques singes et vautours qui se sont appropriés les lieux.

En explorant le village, Caro fait une rencontre avec deux petites filles qui ne manquent pas de nous inviter le jour suivant dans leur maison. Le père, la mère et les trois enfants vivent dans une minuscule pièce d’à peine huit mètres carrés qui donne sur une cour, elle aussi minuscule faisant office de cuisine. L’endroit est très sombre, sans fenêtre et le mobilier se résume à deux « lits » et une petite étagère. Caro a droit à un (dé)coiffage, maquillage à l’indienne et à des bracelets. On mange quelques chapatis et on tente de répondre aux dizaines de questions des enfants :

« Vous êtes mariés ? », « Vous voulez combien d’enfants ? », « Vous gagniez combien ? »

On explore également les environs à vélo, notamment le parc naturel du coin, ou l’on est censé voir des cerfs, des varans et des singes…Au au final pas grand monde, ils doivent avoir congé ce jour là. Peut-être que les grincements et couinements de nos vélos à l’agonie, (leur dernier entretient devant dater de la période coloniale) y est aussi pour quelque chose.

Coté culinaire, on découvre le Began Bharta (aubergines à la coriandre) et le Sahi Paneer (sauce aux noix de cajou et fromage frais) sur une terrasse d’Orchha. Tout est incroyablement bon et on s’empresse de demander la recette.  Seul hic, l’estomac de Tristan ne semble pas du même avis, les deux jours suivants, c’est crampes d’estomac et 39° de fièvre, le tout allant en empirant… Caro finit par appeler un médecin qui après un test de malaria au cas où, vu les symptômes (négatif on vous rassure), prescrit un cocktail de six médicaments, de quoi faire un repas complet. Les deux jours d’après c’est le tour de Caro : maux de ventre, de tête, fièvre. La nourriture indienne on aime par contre ce n’est pas encore le cas de nos estomacs.

C’est encore un peu mal en point qu’on quitte Orchha pour Khajuraho. Le train cette fois n’a pas de réservation, seulement des wagons 3ème classe ou la règle d’or est : « le train n’est jamais plein, poussez-vous dans le fond» est appliquée tout au long du voyage. Le vendeur de snack ambulant est cette fois remplacé par un vieux monsieur barbu, qui à la place des thés chai, se promène (ou plutôt enjambe les gens) avec un panier d’osier contenant un cobra ! Le  serpent étant pour eux un animal très saint, la tradition voudrait que l’on donne quelques pièces au serpent quand celui approche le panier… Nous on a rien donné, trop tétanisé à l’idée de bouger le petit doigt.

A Khajuraho on visite les nombreux temples, réputés pour leurs statuaires sur le thème du corps féminin et du Kamasutra. En se levant encore une fois à l’aube, on profite de l’endroit presque seul et sous une température moins écrasante qu’en pleine journée. Les parois des temples sont sculptées très finement, représentant des hommes, des femmes et parfois des animaux…

 

Dernier arrêt avant les montagnes du nord-est, Varanasi, cité mystique, éternelle, la plus vieille ville du monde encore habitée. Elle s’étend le long d’une des rives du Gange, l’autre étant entièrement dénuée de construction. Les ghâts, de  longues marches en pierres qui descendent en pente raide et plongent dans le fleuve sont le théâtre d’une multitude de scènes de vies en rapport avec ce fleuve sacré. Les indous viennent du monde entier pour se purifier, prier ou encore mourir au bord du Gange. Dans une eau opaque, polluée par les détritus se mêlent des gens se baignant, se brossant les dents, d’autres faisant leur lessive et également les cendres des buchers funéraires. Ces derniers sont installés au bord du fleuve à la vue de tous. Plus la famille du défunt paye, plus il y a de bois, plus le bûcher est grand et brûle longtemps. L’odeur particulière, la fumée qui s’en dégage et la vue de ces corps calcinés nous est difficilement supportable. Des vaches, des buffles, des chiens et des chèvres partagent également les lieux, souillant les marches et l’eau. Au milieu de toute cette agitation,  des hommes font sécher le linge lavé dans le fleuve alors que quelques enfants trouvent la place de jouer au cricket.

Difficile de dire si on a aimé ou détester Varanasi, c’est un lieu à voir ou plutôt à ressentir au moins une fois. Les odeurs, la saleté, le Gange, les bûchers, les milliers d’hindous donnant vie à se chaos nous laisse une sensation particulière, amère et douce à la fois. L’impression que toute la misère, toute la spiritualité mais également toute la beauté de l’Inde sont représentés ici.

Le coup de gueule de la fin :

A Khajuraho encore plus qu’ailleurs en Inde, les enfants n’ont que deux phrases à la bouche : « Give me pen », « Give me roupies ». La quantité de touristes donnant un stylo ou de l’argent a rendu normal pour eux le faite que les gens donnent gratuitement si on leur demande. Ce comportement, partant d’une bonne intention transforme les enfants en mendiants, au grand dam de leurs parents. Enfin, ça pas forcement tout le temps, puisqu’on en a vu encourager la chose. Ce comportement ce généralise à tous les enfants, et c’est souvent les moins démunis qui venaient vers nous pour nous demander 100 roupilles. Dans un sens, on ne peut pas les blâmer, si une fois sur dix ça marche, pourquoi arrêter?

En conclusion, si vous allez en vacances dans un pays ou la pauvreté est encore très présente, oubliez les stylos, bonbons, pièces de monnaies à distribuer à gauche et à droite. Il y a pleins d’associations qui utiliseront d’une meilleure manière votre temps ou votre argent que vous voulez offrir.

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