Archives de la catégorie ‘Malawi’

Les patates!

Publié le 29 Aug 2011 — par Nous
Catégories Malawi

On quitte Monkey Bay et par la même occasion le lac Malawi ainsi que notre petite troupe rencontrée sur le Ilala. Une heure et demie de pickup nous emmène à Mangochi, d’où nous prenons un autre véhicule pour Zomba plus au sud. On fait le trajet entassé avec 20 autres personnes (ça on commence à avoir l’habitude) ainsi qu’un poisson chat d’un demi-mètre pas fraichement pêché vu l’odeur.

Zomba est l’ancienne capitale du Malawi, déchue depuis une vingtaine d’année à la faveur de Lilongwe plus centrale et plus active économiquement. En déambulant dans ses rues, on aperçoit les traces de sa gloire passée : palais présidentiel, villa luxueuse, terrains de golf, le tout dans un état de délabrement plus ou moins avancé.

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Ce qui nous a fait venir ici, ce n’est pas la ville elle-même, mais le plateau montagneux qui la surplombe. Le jour suivant, on en entreprend l’ascension en prenant le « chemin des patates » qui monte en ligne droite plutôt que la route beaucoup moins intéressante. Les pommes de terres cultivées sur le plateau et descendus à dos d’hommes jusqu’à Zomba sont à l’origine de ce nom.

Arrivé au sommet, le décor change radicalement : forêts de pins, lac, cascade, barrage et quelques babouins curieux. On se croirait en Valais (les singes en moins pour rester poli). Autre particularité, ici les bananes ont cédé leur place aux fraises et framboises. Ce n’est pas pour nous déplaire, on commence un peu à saturer de ce fruit car à cette saison c’est un peu le seul disponible au Malawi.

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Après trois jours passés à Zomba, on reprend la route pour rejoindre la frontière un peu plus au nord. C’est à nouveau une succession de dala-dala (bus), pickup et vélo-taxi qui nous emmènent jusqu’à Cuamba au Mozambique. Sur place on retrouve par hasard Pedro et Kuu nos deux amis coréens ainsi que deux américains qui voyagent également pour une année (oui « Pedro » ca ne fait pas très coréen on vous l’accorde). Ensemble on réserve nos billets de train pour Nampula et le soir venu c’est poulet grillé et riz au marché.

Photos photos

La croisière s’amuse

Publié le 26 Aug 2011 — par Nous
Catégories Malawi

En route pour Nhkata Bay, nous nous arrêtons à Mzuzu pour alléger la durée du trajet. Nous nous rendons au Mzoozoozoo, un hôtel backpacker dont nous avons entendu du bien. Heureux hasard, le propriétaire, Gérard, est un expatrié lausannois qui vit au Malawi depuis plus de 15 ans. Nous sympathisons et passons la soirée avec lui.

Le lendemain, les poches bien remplies après avoir vidé les distributeurs de billets (nous ne pouvons tirer que 93 frs à la fois ce qui représentent 40 billets de 500 Kwatchas!), nous arrivons à Nkhata Bay avec la boule au ventre, nous n’accepterons plus les places à l’avant du bus ! Nous sommes aux premières loges et sans ceintures lorsque le conducteur enlève la clé et arrête le moteur lors des descentes afin d’économiser l’essence…

Nous nous dirigeons vers Aqua Africa, le centre de plongée dans lequel nous avons réservé un cours. Il ne débutera que dans 2 jours, mais nous avons assuré notre transfert depuis Mzuzu, histoire de ne pas être coincé par la rébellion malawienne. Nous profitons de ces deux jours de repos pour faire un peu de lessive, lire, définir notre futur parcours au Mozambique et potasser déjà la théorie de plongée en anglais…

big blue

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Nkhata Bay est un joli village de pêcheurs, qui vit au rythme du passage de l’Ilala, l’unique ferry du pays principalement utilisé pour le fret, mais qui accueille quelques passagers de Karonga jusqu’à Monkey Bay. Nous nous sentons bien dans cet endroit reposant, pas de ventes touristiques excessives, juste des gens aimables et parfois un peu curieux de connaître notre vie…

C’est parti pour l’activité de la semaine, Rob, notre prof de plongée canadien, nous donne 5 jours de cours. Théorique d’une part avec visionnage de dvd, explications orales et exercices, puis pratique en eau peu profonde, mais dans le lac quand même. Les premiers instants sont un peu stressants, on ne voit pas bien, les vagues remuent le sable au fond de l’eau. Les premières respirations sont rapides et un peu angoissantes mais l’acclimatation se fait gentiment durant les exercices. Nous apprenons à enlever notre matériel et le remettre, communiquer, demander de l’aide, de l’air, ainsi que plusieurs situations d’urgences, tout ça bien sûr sous l’eau à 5 m de profondeur. Après notre examen de théorie réussi et une sinusite guérie pour Caro (en s’injectant de l’eau salée dans les sinus à l’aide d’une pipette, aïe !) nous profitons et vivons une vraie plongée à 15 mètres. Instant magique où nous nous sentons à l’aise. Le « brevet » en poche, nous pourrons désormais plonger dans d’autres sites durant notre voyage...

Après avoir découvert les profondeurs du lac Malawi et passé 7 jours à Nhkata Bay, nous réservons des billets pour le ferry Ilala qui parcourt les 300 kilomètres qui nous séparent de Monkey Bay.

Nous entrons sur le bateau qui grouille comme une fourmilière, dans la précipitation des malawiens et au milieu des sacs de riz et de maïs. Nous montons sur le pont supérieur, réservé aux passagers de première classe. Pas forcement du luxe mais plutôt l’assurance de pouvoir au moins s’asseoir durant le voyage.  Premiers mzungus (étrangés) à bord, nous profitons d’un bon conseil donné la veille par une voyageuse et louons deux matelas au  restaurant afin d’éviter de devoir dormir à même le sol. Le bateau se remplit rapidement, les étages en dessous sont plein à craquer, on se sent un peu mal à l’aise par rapport aux nombreuses personnes dans les étages inférieurs ne pouvant bouger tellement il y a de monde et de marchandises.

D’autres « mzungu » ainsi que quelques militaires nous rejoignent sur le pont supérieur. Nous sympathisons rapidement avec des italiens, américains, français, coréens et anglais. Durant les 55 heures de trajet nous devenons vite comme une grande famille, passons de longs moment à discuter de nos expériences de voyage, partageons les repas, ça fait du bien ! Nous nous serrons sur les matelas loués et dormons à la belle étoile… sous le flot de suie sortant de la cheminée, le lendemain on à peine à distinguer qui est touriste et qui ne l’est pas. Le long du trajet, nous nous arrêtons pour charger et décharger des personnes et des marchandises. Comme il n’y a pas de d’embarcadère, ce sont de petits bateaux qui font la navette du ferry au port alors forcément ça prend du temps, parfois plus de 9h. On se détend et profitons de l’environnement… la croisière s’amuse !

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Arrivée à Monkey Bay avec 12 heures de retard, nous continuons l’aventure avec nos 7 camarades de bord dans un magnifique camping du coin. A court d’argent car nous n’avons pas trouvé de distributeur, ce sera dans une tente qu’on nous prêtera et sans matelas que nous passerons les 5 heures restantes de la nuit après avoir refait le monde au bar du camping.

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Printemps malawien

Publié le 22 Aug 2011 — par Nous
Catégories Malawi

Il aurait été facile pour nous d’ignorer les événements actuels auxquels le Malawi fait face et de ne parler dans nos articles que de son lac, de ses montagnes et de l’ambiance si particulière qu’il règne ici. Cependant, il nous tenait à cœur d’également relater la situation que vivent ses habitants ces mois-ci, car bien que totalement absent des médias occidentaux, il souffle un petit air de révolution…

Pour comprendre le contexte actuel, il faut savoir que depuis plusieurs années, l’Angleterre apportait son aide au Malawi en finançant divers projets étatiques et humanitaires. « Apportait » car le parlement anglais a stoppé son soutient, agacé par le faite qu’une grande partie de l’argent s’évaporait dans les méandres de l’administration malawienne corrompue. La fraction qui était utilisée à bon escient étant elle aussi supprimée, plusieurs projets publics d’aide à la population se sont subitement arrêtés, provoquant une première vague de protestation dans tout le pays envers le gouvernement.

Les habitants du Malawi reprochent également à leur président une inactivité par rapport aux récents événements économiques qui touchent l’est de l’Afrique. Le prix de l’essence ayant fortement augmenté ces derniers mois et le pays acheminant la totalité de ses importations par la route, c’est toute l’économie du pays qui a été impactée. Pour prendre un exemple, le prix de la farine a doublé en l’espace d’une semaine. Dans un pays ou le revenu moyen suffit à peine à se nourrir on peut facilement comprendre le mécontentement des malawiens vis-à-vis d’un état qui ne fait absolument rien pour redresser la situation.

C’est dans ce contexte que les premières manifestations ont eu lieu le 27 juillet dernier. Bilan officiel : 18 morts dans tout le pays ; toujours selon les mêmes sources, les victimes étaient des individus qui auraient profités de la situation pour piler des magasins et qui se seraient faits « intercepter » par la police ou l’armée. En discutant avec les habitants, on se rend compte que le bilan officiel est bien en dessous de la réalité et que plusieurs manifestants faisaient également partie des victimes. Rien qu’à Mzuzu petite ville du nord où nous avons séjourné, les gens parlaient de plus de 50 morts, le centre ville ressemblait à un champ de bataille… La réaction des autorités ayant encore plus attisé le sentiment anti gouvernement, une deuxième manifestation a été agendée pour le 17 août.

C’est dans ce contexte que nous avons du choisir si nous supprimions le Malawi de notre itinéraire et passions directement au Mozambique depuis la Tanzanie. Après plusieurs discussions avec des personnes qui étaient au Malawi durant les émeutes, on nous a certifié que ces événements avaient et auraient à nouveau lieu dans les villes du pays uniquement. On a donc pris la décision de ne pas changer nos plans et de rester dans un endroit tranquille le 17 août. C’est à Nkhata bay au bord du lac qu’on a attendu avec un peu d’appréhension ce fameux mercredi, faisant comme la plus part des habitants des réserves de nourriture et d’eau pour quelques jours ; tout les magasins et restaurants ayant prévu de fermer ce jour là, voir les suivants si les émeutes venaient à durer.

Au final, la manifestation a été annulée au dernier moment, les organisateurs craignant que le nombre de victimes soit encore plus  élevé que la première fois. Il est dur pour nous d’affirmer si c’est une bonne ou mauvaise chose pour les malawiens puisque la situation n’a toujours pas changé. En espérant que les choses évoluent rapidement ici, on se dit que dans notre petite Suisse on a bien de la chance de pouvoir manifester en toute quiétude pour un oui ou pour non.

C’est promis on arrête les articles engagés, la prochaine fois, du sable, des palmiers et des jolis paysages pour vous faire envie…